Rainbow Bridge

« Vous voila riche monsieur Morrison. »

Cette petite phrase ne cesse de se répéter dans ma tète, m’offrant un état d’euphorie jamais ressenti auparavant. J’étais dans un état de béatitude et d’inquiétude.
J’ai été le jeune homme invisible, qu’on ne remarque pas dans la rue et qui se faisait tout petit dans son minuscule bureau, menant une vie paisible et sans aucun rebondissement.
Sauf peut-être que je me noyais dans les crédits et la vie de couple que j’me suis imposé. Jusqu’au jour où on me dit que j’ai hérité à la mort de l’oncle de mon père.
Un homme que j’ai connu dans ma tendre enfance et avec qui je n’ai pas eu réellement d’affinité.
J’ne peux franchement pas dire que je connais Ted, et pourquoi il me lègue sa maison, sa galerie, ainsi que sa société spécialisée dans les œuvres d’art.
Vous pouvez la voir dans le quartier nommé Castro, à San Francisco, si le cœur vous en dit.
Ma condition actuelle m’oblige à accepter cet héritage pour le moins inattendu et qui m’offre la possibilité de changer de vie, un tout nouveau départ dans cette ville que je ne connais pas.
C’est enthousiaste que j’ai plié mes bagages avec ma fiancée, Melinda, pour partir vers cette nouvelle destination, loin de mon Texas natal. J’avais en tète un tas d’idées pour la galerie et la société. J’savais que j’avais eu une bonne idée d’accepter, j'en avais des palpitations, cependant, à peine débarqués, quelque chose attira l’attention de Melinda et la mienne par la même occasion.

« Chéri ? T’as vu nos voisins de la maison d’en face sont un couple d’homosexuels. Ça change du Texas. »
« Ouais mais … »
Je m’arrête net alors que mes yeux inspectaient avec curiosité les deux jeunes femmes qui poussaient une poussette avec un bébé avant de virer mon regard sur un jeune homme aux habits farfelus et qui tenait un homme en costard par la main. Je hausse un sourcil.

« J’ai bien l’impression que ce bébé appartient à ces deux jeunes dames. »
« … Et qui s’approchent de nous »

Je me mis à ciller alors que Melinda fit son plus beau sourire. Elle tendit sa main à l’une des jeunes femmes qui, souriante, s’engagea à nous faire la conversation.

« Nous sommes très contentes de vous avoir enfin monsieur Morrison. Votre oncle va beaucoup nous manquer. »
« Il nous a beaucoup aidé vous savez », reprit l’autre femme « Vous devez être fier de lui. Il a quand même été le porte parole de la communauté Gay depuis plus de vingt-ans. »

Et c’est là que tout bouscula.

L’avocat de l’oncle de mon père qui nous a conduit jusqu’à la maison, me tendit une enveloppe, dans laquelle se trouvait ses dernières volontés. J'ai viré pâle en lisant ces lignes qui étaient pour le moins surprenantes ; en acceptant l’héritage, j’accepte de devenir le nouveau porte parole de la communauté Gay au sein du quartier de Castro. Ce qui consiste à préserver leur droits similaires à ceux des hétérosexuels. La tuile ! Moi, qui n’était même pas de ce bord là.
C’est ainsi que je me suis retrouvé dans ce quartier, menant une cause qui n’était même pas la mienne et comme dit Melinda « Les Queer sont devenus notre famille, qu’on le veuille ou pas »
Ça promet, welcome to my sweet mess !